Playa del Carmen (20° Nord / GMT-6)

Premier long courrier; après deux mois et demi de gares routières on redécouvre les aéroports et leur univers aseptisé. Une page se tourne. Au dessus des nuages les sommets Andins nous accompagnent une dernière fois, on file vers une ultime étape latine avant l'Asie. Escale express à l'aéroport international de Mexico en course contre la montre: immigration, douane, enregistrement, contrôles avant d'embarquer tout en avalant de quoi tenir jusqu'à Cancun. Une fois débarqués il nous reste une heure de frigo-bus pour atteindre Playa, les vacances commencent. On est venu rendre une petite visite à Géraldine, vider quelques bouteilles d'air comprimé et se poser un peu après deux mois et demi de vagabondage.

Géraldine nous récupère après un cours PADI, direction le centre de plongée de Carla où on lâche nos sacs; quelques instants plus tard on se promène sur le sable. Un an et demi que l'on ne s'est pas vu. Il y a eu le(s) mariage(s) à Paris et Rabat, deux mois de voyage en Amérique du Sud, il y a les nouvelles de toute la smala du Lauragais. Et Géraldine qui tente de nous décrire sa nouvelle vie Mexicaine. Trop de choses à se raconter - les mots fusent et se télescopent tandis que viennent s'ajouter les banalités de l'arrivée et le terre à terre immédiat de l'organisation. La conversation part dans tous les sens et nul part en même temps; on est heureux de se retrouver. La nuit est claire, on réalise enfin où nous sommes. Une plage de carte postale, du sable blanc, des cocotiers et une mer turquoise à 26ºC. Pas de doute, les Caraïbes! Chaque jour pendant les quasi deux semaines de squat, on continuera de s'en émerveiller. C'est ici que Géraldine s'est posée, face à la mer et au milieu des Mexicains, avec sa combinaison de plongée trouée aux genoux et quelques affaires. Même s'il n'est pas toujours tout rose son quotidien présente l'énorme avantage d'avoir une scène paradisiaque.

A priori il y a deux Playas, deux ambiances presque étanches qui se croisent parfois au petit matin sans se mêler. Le Playa-Ibiza des fêtards, techno, paillettes, mini short et toutes les drogues qui vont avec et puis il y a le Playa des plongeurs, le masque, la combi et les poissons. Nous on est dans le deuxième Playa. On fini par revenir sur nos pas, Geraldine récupère quelques Dos Equis et on fait connaissance avec son amie Carla. Une petite mexicaine électrique d'une quarantaine d'années, un sourire qui ne fini jamais et un rire explosif; Carlos vient nous rejoindre, grand brun grisonnant au teint halé et au sourire mystérieux. Tous les deux Mexicains et tenant un centre de plongée, on est en pleine immersion chez les hommes-grenouilles. Une espèce singulière qui vit le plus souvent près des cotes, les pieds dans le sable. À moitié amphibien il passe le plus clair de sa journée à buller, palmes aux pieds avant de partir au crépuscule en quête d'un compresseur pour ses bouteilles. Dans son salon on trouve des ceintures de plomb, des détendeurs et les combis Néoprène encombrent sa garde robe ou sa salle de bain. La plongée n'est pas juste un boulot c'est un mode de vie, un univers qui vous absorbe entièrement. Le grand bleu. Pas un pays de cocagne mais tellement loin de la grisaille, du stress et de la frénésie des métropoles.

Et si Géraldine a décidé de se poser précisément à Playa, cela n'est certainement pas du au hasard. L'état du Quintana Roo est un lieu unique au monde. En dehors de nombreux vestiges Maya on y trouve le plus vaste réseau souterrain immergé au monde: les Cenotes. Un lieu exceptionnel pour la plongée spéléo dont Géraldine est manifestement devenue une professionnelle reconnue. Nager dans la Riviera Maya et ses grottes somptueuses. Une eau cristalline et une lumière magnifique... des draperies, des stalactites et des stalagmites. Un petit bijoux, méconnu avec au dessus le soleil, le calme et les oiseaux. Un des moments forts de notre voyage avec en prime, le luxe de plonger entre nous. On s'est vraiment senti privilégiés.

Évidement il y a aussi eu une sortie en mer, observer l'explosion de vie sur la barrière de corail. Et puis il y a eu les Tortues d'Akumal! Des palmes, un masque et un tuba. Rien d'autre. On consacrera deux après midi à ces "dinosaures marins". Pourquoi se contenter d'une simple baignade dans les eaux turquoises des Caraïbes alors que l'on peut tout aussi simplement aller danser avec des tortues géantes ... un pur moment de grâce.

Entre la mer, les Cenotes et les Mayas, il y aura la rencontre du Mexique. Explication de texte de Géraldine sur une culture métissée, ses mécanismes et sa cuisine; Pendant un instant on intègre son petit monde Mexicain - Carlos, Carla et Carla Jr, Enrique, la belle famille et les amis de Kéké. On n'a pas vu le temps passer - presque 10 jours et c'est déjà l'heure de partir, toutes les nuances du bleu dans les yeux.

Sinon pour l'anecdote, notre passage au Mexique aura été marqué par un phénomène qui est devenu incontrôlable avec le temps et que l'on a appelé la "Barbouse". Au delà d'un certain seuil point de salut, le retour arrière devient impossible et même votre rasoir ne peut plus rien pour vous. Il faudra attendre l'intervention d'une paire de ciseaux horripilés pour mettre fin à cet épisode pileux sévère.